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 La simulation m'a donc amené au vol réel : ayant à présent cette double connaissance, que puis-je dire de la simulation en tant que telle et de son intérêt pour le réel ?

Mise au point en guise d'introduction : ce n'est pas la pratique de simmer qui pouvait me permettre d'apprendre à piloter ! Et pour cause j'étais plu souvent hors du cockpit en mode "drone" qu'aux commandes à proprement parler. Pas plus que le type de pilotage de l'appareil, autant à la fois parce que je connaissais pas et ne pouvait donc pas gérer la machine comme il se doit, que par mon total manque de respect des conditions de vol VFR. En réalité j'ai tout de même eu la chance d'apprendre pas mal de chose grâce à Donc31, mais il se trouve que ma pratique de la simulation ne collait pas exactement avec ce qui se passe dans le PPL.

Il était donc clair que je ne pouvais pas me "vanter" en arrivant à l'aéroclub d'avoir quelques heures de vols derrière moi ! En fait, c'est même tout le contraire, en faisant une différence et distinction entre le virtuel et le réel : quiconque a un peu de bon sens ira dans ce sens. Mais attention à ne pas me faire dire ce que je n'ai pas écris : il est tout aussi évident que quiconque aborde la simulation avec une volonté d'apprentissage et se conforme suivre à respecter une "méthode de vol réaliste" va apprendre beaucoup de chose, au moins bien les dégrossir pour se sentir bien plus à l'aise ensuite en passant le PPL.
Il faut juste ne pas confondre les choses, faire preuve de bon sens et de modestie une fois dans un cockpit avec l'instructeur. J'imagine d'ailleurs que si je me suis rapidement senti si à l'aise à bord de F-GNNA c'est en grande partie grâce à la simulation, aux quelques vols réels effectués juste avant de débuter la formation et tout ce que m'a distillé au fil des heures l'ami Donc31. Sans oublier la petite expérience de planeur effectuée quelques 30 ans auparavant (il y a des choses qui doivent rester graver sans que l'on s'en rende vraiment compte) et ma pré-immersion depuis quelques mois dans le manuel du pilote et autres QCM, bref, une immense motivation qui porte le bonhommme !

Cela dit pour arriver à un point très important : faire de la simulation n'apprend pas à piloter. Pour une raison très simple : le simulateur ne peut pas restituer la sensation de pilotage à proprement parler, ne serait-ce que par la simple absence de retour de sensation/force au manche/joystick. C'est à mon sens le facteur le plus important et pénalisant. On peut ensuite ajouter les limitations de la simulation en terme d'effet aérodynamique et de moteur. Ou peut être pourrait-on dire, jusqu'à récemment ?! On en reparle à la fin.

Le pilotage à proprement parler va bien s'apprendre dans le vrai cockpit, et les heures de simu vont permettre, sans aucun doute, de mieux intégrer tout cela, pour peu que ce "travail" en amont ait été fait avec "sérieux", soit en raison d'une auto-formation sérieuse basée sur une bonne documentation et compréhension des choses et/ou grâce à un pilote désireux de (bien) partager son expérience.
Pour la petite histoire, dès le début de la formation PPL, j'ai pris pour régle de ne jamais mélanger les deux aspects : je "pilotais" à mon habitude comme un furieux en simulation, ce que je savais très bien faire, et une fois dans le cockpit je ne pensais absolument pas à la simulation (d'ailleurs ce n'est pas difficile, je n'avais pas le temps ! LOL). Et cela a duré les 18-20 mois du PPL.

Transition toute trouvée pour dire que toutefois, il est un moment où le simulateur peut entrer dans le jeu : lors de la phase des navigations. Car justement, c'est un domaine pour lequel le virtuel peut bien rejoindre le réel. Je dirais même que c'est LE domaine par excellence. A ce stade de la formation, le pilotage est acquis, heureusement car il va s'agir de concentrer son attention sur tout le reste : ce qui n'empêche de se retrouver en difficulté si le pilotage n'est pas assez précis. En première approximation on peut donc considérer que naviguer devient l'activité principale et donc que les imperfections de la simulation s'en trouve sinon annulées du moins amoindries : attention, même en simulation, il peut être difficile de bien régler son avion, comme en réel, ce qui va impacter la navigation.
Considérons donc la situation "pilotage résolu", en quoi consiste donc la navigation ? à suivre une route déterminée grâce à son log de nav et (ou même simplement avec) la carte - aérienne de préférence. Dès lors, pour peu que le simulateur restitue un environnement extérieur assez réaliste, il devient possible d'appliquer les même règles et usages d'instruments qu'en réel. Le plus simple étant le cheminement dans le décor réaliste avec la carte, doté d'un minimum de "notions théoriques". C'est, à mon sens, un très bonne, voire même excellente, "immersion en nav" durant laquelle les mêmes erreurs d'appréciations peuvent être faites. Cela permet d'aileurs d'apprendre à réagir, improviser et devoir réflechir à la même vitesse tout en étant en totale sécurité chez soi (et pour un prix plus qu'attractif ! LOL). Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis perdu et où j'ai donc du me retrouver d'une manière ou d'une autre pour arriver à destination, ou sur un terrain pour se poser. Cela est d'autant plus intéressant en respectant une simple règle : interdiction d'arrêter la simulation en plein vol car une fois la nav engagée elle DOIT être menée à son terme ou se poser sur un aérodrome. Je peux dire que c'est un excellent stimulant mental et offre des perspectives de vols passionnantes !

Cela est d'autant plus vrai que l'environnement extérieur est proche de la réalité : cela exclu donc d'office les scènes natives des simulateurs FSX et P3D que je connais très bien. Pour Xplane je serais moins affirmatif, mais ne pas non plus se faire trop d'illusion. Il faut donc pour cela ajouter des scènes... ou bien voler sur le nouveau FS 2020 qui restitue un décor criant de réalisme, au delà même de ce que l'on pouvait rêver avant son arrivée ! Mais ce n'est pas le sujet ici.
Tout l'intérêt de la simulation consiste donc non pas à vouloir piloter un avion, même si des progrès existent en la matière, mais bien à s'entrainer et avoir le plaisir de la découverte à travers une navigation, bien préparée ou non : c'est ce que j'ai appelé faire une navigation "simPPL", c'est à dire où l'on simule le PPL en "volant comme en vrai" (voir les nombreuses vidéos réalisées).
Attention toutefois à ne pas céder à la facilité d'avoir un assistant de vol tel que l'affichage de la position GPS en temps réel : cela est certes pratique mais coupe aussi le plaisir en éliminant le risque de s'égarer et abaisse le niveau de concentration pour bien réaliser le périple. Les meilleurs vols virtuels effectués sont précisément ceux où je me retrouvais en "pure simPPL" du début à la fin, c'est à dire sans aucune assistance que la carte aérienne à l'écran et une idée de log assez précise, dont j'ai trouvé que l'absence peut se faire cruellement sentir, puisque c'est la base de la navigation.
Donc le plus beau défi et plaisir de vol virtuel, à mes yeux de pilote PPL, consiste à voler au cap et à la montre avec sa carte, façon "vieille école" pourrait-on dire. Pour peu que cela soit précédé d'une bonne préparation, on y retrouve le plaisir de voler avant, pendant et même après tant le souvenir est délicieux !

Certes, les pilotes PPL non simmers pourront dire que "cela ne vaut pas un vol réel" : très bien, mais tout de même, l'immersion peut vraiment donner l'impression d'y être et fatiguer les neurones pour de vrai à tel point que l'arrêt du moteur virtuel est aussi un moment de réel soulagement. Et si ce vol virtuel est effectué "en ligne" sur YouTube, le défi est d'autant plus intéressant que la navigation pourra être vue par les plus passionnés de ce type de vidéo : quelque part il y a une forme "d'exposition" de soi même qui pimente le jeu. Si c'est en Live, le vol n'en est que plus difficile car l'interaction avec les copains sur le tchat apporte son lot de déconcentration et se trouve être source de mauvaise appréciation potentielle qu'il faut ensuite corriger. Bref, le défi est plus grand. Mais il peut aussi vite se transformer et faire disparaitre une partie de la saveur de la simPPL, à doser judicieusement donc.

Autre situation intéressante en simPPL : d'une part la détection des aérodromes, qui s'avère en général aussi problématique en virtuel qu'en réel. D'autre part, l'exercice d'approche et d'intégration dans le circuit de piste. Si cela est mal préparé et pensé, le pilote tout virtuel qu'il est se retrouve gentiment dans la panade, comme en vrai, et il faut réagir très vite pour se remettre dans une situation conforme. A ce moment là, il se produit un problème : c'est que l'on sort du "mode navigation" pour se retrouver une situation de "pilotage pur" qui se trouve être la faiblesse du simulateur. Je ne dis pas que cela n'est plus intéressant, au contraire, mais que l'on peut s'attendre à ne pas avoir forcément une réaction assez réaliste en terme de sensation de pilotage. Mais sur l'aspect mental du processus, l'effet n'en n'est pas moins garanti en terme de désorientation ou d'impression d'être "à la ramasse" car on a mal géré quelque chose à un moment, le plus significatif étant de perdre la piste de vue ! Le travail de correction à apporter devient très intéressant. Pour peu que le vol soit enregistré (c'est mon cas à 100% de vol en vidéo) il est possible de revoir ses propres erreurs et comprendre ce qui a été mal fait.

En pratique, même si FS 2020 reste perfectible sur les aspects de pilotage/réaction de l'avion, il y a tout de même de très bonnes choses à faire, pour peu que l'on se place dans une perpective simPPL.
La gestion de la radio, ne serait-ce qu'en #auto-information apporte encore plus de réalisme à la simulation, surtout si elle est faite en vol réseau contrôlé car c'est encore plus immersif (voir les vols VATSIM). Sans cela, un vol réseau avec les copains en mode VFR et radio autour des aérodromes est un vrai régal car il s'agit alors aussi de faire en sorte de ne pas se retrouver en situation de conflit en vol : ce qui peut arriver très vite et de manière réaliste, car il est en général bien difficile de voir un avion si l'on n'y fait pas attention ! Un vrai plus donc en terme de surveillance de son environnement, comme en réel !

Poir renforcer l'intérêt pédagogique de la simPPL, voici une astuce, le "tracking GPS" : c'est même une forte recommandation. Utiliser un logiciel tiers (LittleNavMap par exemple) pour enregistrer le tracé du vol (2D) sur la carte et l'observer ensuite pour comparer la route prise par rapport à celle prévue. Mieux, utiliser SD-VFR car le track est effectué en 3 dimensions. C'est une méthode d'auto-évaluation de trajectoire absolument implacable, impossible de tricher et se leurer. D'autant que le comportant de dérive d'un avion dans un vent est très bien fait (et vérifié).

A propos du réalisme des simulateurs, du point de vue de l'appareil, la modélisation de son comportement : sans être un spécialiste du sujet, il me semble que l'on dire ceci. Avec FSX/P3D et des appareils réalisés par une société comme A2A ou Milviz, nous avions quelque de tout à fait intéressant. Sur XPlane (que je n'ai pas assez pratiqué pour en parler vraiment) le comportement m'a été rapporté comme meilleur, cela étant inclus nativement dans ce simulateur. Sur Flight Simulator 2020 (MSFS), le niveau me semble pas mal pour les quelques avions que j'ai peu "essayé assez sérieusement" ici ou là. Mais je dirais que c'est LE point qui reste perfectible. Sans doute aussi est-ce le plus complexe à bien modéliser.

Avec cela en tête, on peut faire l'usage indiqué précédemment et aller bien loin dans une partie de ce qui fait la formation PPL, mais avec cette réserve sur le pilotage à proprement parlé. J'ai le sentiment qu'un pilote formé peut compenser cela mentalement en agissant dans le simulateur "comme en vrai", mais que cela doit être plus difficile pour un simmer, en terme de pilotage stricto sensu, pas d'ambiguité.
Courte aparté sur un autre simulateur que je pratique à présent depuis un moment : DCS, pour Digital Combat Simulator, avec les appareils à hélice (bien sûr, je ne peux même pas envisager de parler d'un avion de chasse à réaction !). Après des heures passés dans le Mustang P-51D, je dirais qu'il va au delà de ce que proposent les autres simulateurs car l'impression de pilotage est plus accentuée, j'ai plus le sentiement de sentir la machine, sa lourdeur et ses comportements "anormaux" dans certaines situations, là où un appareil sur MSFS va être plus "fluide" et "léger". Le PA28 de JustFight donne des sensations différentes des autres, je le sens bien plus "pataud" et moins maniable, il y a là quelque chose de différent et allant dans une bonne direction.

Ma conclusion, sans réelle surprise, de pilote PPL est que le simulateur peut être utilisé à bon escient dans un contexte bien précis d'entrainement/maintient de capacité durant les périodes hivernales par exemple quand la météo ne permet pas de maintenir ses compétences dans le vrai cockpit, dès lors que l'on pratique avec application.
Pour le pilote simmer qui souhaite faire de la "vrai simulation aérienne" c'est une excellente occasion de progresser, en solo, en réseau avec les copains ou sur un réseau contrôlé comme VATSIM ou IVAO pour intégrer un maximum de "difficultés" : j'ai vu des copains "débutant" progresser de manière spectaculaire.

Bref, la simulation "bien faite" est un complément utile au pilote PPL en fin de formation ou après. Il faut juste être assez avisé pour ne pas prendre des biais pénalisant le réel ensuite, d'où l'intérêt de pratiquer au plus proche de sa formation et savoir s'auto évaluer ensuite, par le tracking GPS, la vidéo...
Et ne pas prendre les heures de vols virtuelles pour acquis une fois dans le cockpit ! Que du bon sens aérien en somme :-)

Si vous souhaitez vous lancer dans cette aventures virtuelle (dans un premier temps peut être),voici une feuille de route :
Commencer par des vols "tranquilles" sans trop se soucier des aspects de réalisme, faire des vols de découvertes, autant du simulateur que des paysages visités, à la façon de notre escadrille du vendredi. Cela permet de se familiariser avec le simulateur qui reste un outil à découvrir pour le maitriser tanquillement pour la suite (MSFS est fortement recommandé pour cela aussi tant il est simple de voler sans être "informaticien").
A un moment, plus ou moins rapide, le virus du "vol réaliste" s'installera, il sera alors temps de mieux comprendre tout cela, les navigations, la radio pour des vols en immersion simPPL. Et peut être passer au réel si cela est possible.

Pour passer un autre palier, et changer de monde en même temps, DCS offre une étape supplémentaire : il ne s'agira pas exacement de faire du vol VFR puisque ce n'est pas le but en terme d'environnement (ou très ponctuellement) mais quelque chose de plus "pointu" sur le pilotage d'un avion de la seconde guerre mondiale. Le simple tour de piste est un vrai régal, ne pas hésiter à en faire des dizaines pour vraiment découvrir et réussir à maîtriser l'avion et réusir des atterrissages en douceurs, de manière répétée. Un autre excellent exercice de pilotage consiste à pratiquer du vol en formation avec des équipiers, c'est même une activité dont on ne se lasse pas. Et si vous accrochez vraiment, une fois acquise ces compétences là, passer à la partie la plus militaire avec le combat aérien entre équipiers (ou avec les redoutables IA du simulateurs). Vous verrez que c'est encore passer un niveau au dessus pour bien gérer et amener son appareil derrière l'avion "ennemie", rester dans son sillage et réussir à le "démolir" très vite. Ou simplement lui échapper (le plus lontemps possible) s'il passe dans vos 6h. Cela ne fera évidemment pas de vous un pilote de chasse ou un guerrier, mais va donner du mal pour progresser et vous dire "ok, maintenant, je suis meilleur qu'aupavarant". Se dépasser en quelque sorte, c'est déjà pas mal n'est-ce pas ! Que de belles heures en perspective, en solo ou avec des copains, car n'oublions pas que le plaisir de voler se partage et qu'il est même meilleur ensemble :-)